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Annecy – Aménager l’environnement de travail et créer les conditions du maintien en emploi

Comptant 3200 agents, dont 200 BOE, la Ville d’Annecy, sous convention avec le FIPHFP, aménage régulièrement l’environnement de travail de ses agents en situation de handicap. Aides techniques à la personne, aménagements matériels et/ou organisationnels… Chaque intervention est spécifique et adaptée à l’agent concerné. Une approche personnalisée et pluridisciplinaire dont nous parle Claire Rousseau, référente handicap à la Ville d’Annecy.

Quels types d’aménagements ont été mis en place ces dernières années ?

Actuellement les besoins en aménagements de postes de travail, au sein de la Ville d’Annecy, concernent principalement les services de la petite enfance (auxiliaire de puériculture), du scolaire et du périscolaire (ATSEM, animateur), de l’environnement de travail (agents d’entretien) et les postes administratifs.

Nous mettons en œuvre deux grandes typologies d’aménagements :

  • techniques/matériels,
  • organisationnels (tâches, horaires, aides humaines).

Sur le volet matériel et technique, nous mettons régulièrement en place des sièges ergonomiques, des bureaux réglables en hauteur pour des agents qui doivent travailler en alternant les postures debout et assis, des souris adaptées (verticales ou roller mousse), de la bureautique adaptée (repose documents, bras-écran…), des chariots de ménage spécifiques ou encore des aides à la manutention. Des aménagements sont également pensés pour les personnes souffrant de déficience visuelle (clavier visuel, logiciel Zoomtext, loupe…) ou pour l’adaptation de véhicule de travail avec boite automatique et commandes au volant.

Du point de vue organisationnel, cela peut concerner l’aménagement des horaires et/ou des tâches de travail. Nous avons également quelques agents qui bénéficient de l’aide d’une auxiliaire de vie professionnelle. J’ai à l’esprit l’exemple d’un agent de restauration en petite enfance qui, en raison de contre-indications aux ports de charges et gestes répétitifs, bénéficie d’une aide humaine de 3h par jour pour les tâches ménagères et la distribution des repas. Cette personne est en fin de carrière et nous avons souhaité l’accompagner pour qu’elle puisse être maintenue dans l’emploi jusqu’à sa retraite.

De quelle manière se déroule la mise en œuvre ?

La clé d’entrée peut être multiple : agent, manager, préventeur, infirmière, médecin du travail. Cela dépend des situations. Une fois le pré-diagnostic élaboré, j’échange avec différents acteurs (médecin du travail, infirmière, préventeur, assistante sociale, DRH…) à l’occasion d’un atelier « aménagement de poste » qui se déroule une fois par mois. A cette occasion, nous étudions chaque situation et identifions les éventuels besoins d’étude de poste préalable au regard des contre-indications médicales.
Ensuite, en fonction du besoin, nous travaillons à trouver la solution la plus adaptée en lien avec le service santé au travail, le manager et parfois le collectif de travail. Nous avons la chance de disposer d’un préventeur qui effectue les études de poste en interne. Cela facilite grandement les choses.
In fine, pour une prise en charge par le FIPHFP, la prescription médicale est indispensable. Elle permet de vérifier que l’aménagement relève de la compensation du handicap et non d’une simple amélioration des conditions de travail.

En matière de télétravail, notamment avec la crise sanitaire, quels aménagements ont été nécessaires ?
Durant les confinements dus au COVID, nous n’avons pas reçu de demandes spécifiques. En effet, la majorité de nos agents en situation de handicap étaient en autorisation spéciale d’absence (ASA).
Aujourd’hui, nous sommes sollicités par des agents qui, du fait de leur handicap, souhaitent rester en télétravail et aller au-delà de l’accord de la collectivité :  2 jours de télétravail par semaine pour tous les agents et possibilité d’extension sur préconisations du médecin du travail. Cela concerne principalement des personnes souffrant de handicaps psychiques et présentant une difficulté à revenir sur le lieu de travail. La crise sanitaire a notamment exacerbé les phobies sociales.
Pour le moment, nous avons surtout des demandes d’aménagement de matériel informatique (écran sur ordinateur plus grand que la moyenne) sur préconisation médicale.

Quel a été le financement du FIPHFP ?

La majorité des aménagements de postes au sein de la Ville d’Annecy sont gérés et financés par notre service de santé au travail et les différentes directions. Nous sollicitons le FIPHFP sur les aspects spécifiques de compensation du handicap et avoir une convention avec le FIPHFP facilite grandement les choses (plus de réactivité et de rapidité dans les prises en charge) !

Quels conseils donneriez-vous à des employeurs publics souhaitant aménager l’environnement de travail de leurs agents ?

  • Mon 1er conseil est de développer la pluridisciplinarité. Un aménagement de poste se fait avec le concours de plusieurs acteurs : agent, référent handicap, médecin du travail, infirmière, préventeur, manager, collectif de travail… L’agent est au centre des dispositifs. Il faut être à son écoute et aller voir son poste de travail :  être sur le terrain. Il faut également expliquer au manager et aux collègues l’aménagement et sa raison d’être.
  • 2ème conseil : ne pas hésiter à faire des essais de matériel pour vérifier qu’il est adapté. Cela peut être compliqué avec les marchés publics, mais les fournisseurs sont de plus en plus ouverts pour mettre en place des périodes de test du matériel.
  • Il faut également se poser la question de l’aménagement raisonnable : jusqu’où va-t-on ? Il ne faut pas partir trop vite sur du reclassement et étudier les possibilités de maintien dans l’emploi avec une étude de poste et des aménagements. A l’inverse, il existe d’autres situations où l’aménagement du poste va très loin et cela pèse sur le collectif de travail et sur le manager. Il faut trouver le juste équilibre pour que cela fonctionne et soit bénéfique pour tout le monde.
  • Enfin, je pense qu’il faut sortir de la représentation de l’aménagement technique comme seule solution pour compenser le handicap moteur. L’aménagement de l’environnement de travail va beaucoup plus loin que cela. Il touche aussi l’aspect organisationnel (tâche, horaires, télétravail…) et touche toutes les typologies de handicap.