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Le télétravail : une solution de maintien dans l'emploi - Témoignages

Travailler certains jours au bureau et d'autres à domicile, tel est le dispositif accessible aux travailleurs en situation de handicap, dont les pathologies nécessitent une réduction des trajets ou une adaptation de l'organisation du temps de travail. Le FIPHFP propose ainsi une aide pour financer les coûts liés au télétravail des agents handicapés. Un dispositif qui fonctionne. La preuve par l'exemple avec les témoignages de deux agents concernés : l'un dans une mairie et l'autre au sein d'un ministère.

A la Mairie de Saint-Lô

Directrice générale adjointe de la Mairie de Saint-Lô. Agnès Bourré-Fournier a vu son poste de travail adapté en raison d'une maladie évolutive (la sclérose en plaques). Un fonctionnement en télétravail a été mis en place pour lui permettre d'exercer son emploi dans de meilleures conditions.

Maintien dans l'emploi et confort de travail

A son arrivée en 2008 à Saint Lô, Agnès Bourré-Fournier a fait une demande d'aménagement de poste en télétravail. Elle disposait déjà, dans son précédent poste de cette mesure d'accompagnement au maintien dans l'emploi. 

« Connaissant les financements possibles, j'ai parlé du FIPHFP à mes supérieurs et à la médecine du travail. Le dossier a été monté facilement. J'ai désormais une station de travail chez moi ce qui me permet d'être à l'aise. Un ergonome s'est déplacé à mon domicile pour choisir et mettre en place le mobilier financé (caisson d'ordinateur, chaise adaptée, support d'écran). Une valise à roulette a également été prise en charge pour le transport du matériel et des dossiers. Le télétravail, c'est de la logistique !  ».

C'est aussi une nécessaire adaptation du temps de travail. Mme Bourré-Fournier travaille chez elle lorsque que cela s'impose, particulièrement lors des périodes de forte densité de travail. Son emploi du temps n'est pas figé : elle l'organise en fonction des réunions prévues et des contraintes de service. « Le télétravail, c'est un vrai confort : j'ai moins de stress en sachant que, si je suis immobilisée, je peux travailler de la maison et même y effectuer des heures supplémentaires si nécessaire. Les temps de travail à la mairie, en contact avec les collègues, restent toutefois prépondérants. Il ne me semble pas que ce soit une bonne chose d'être à 100% en télétravail  ».

Un facteur de sensibilisation au handicap dans l'emploi à la Mairie de Saint Lô

La mise en place du télétravail pour Agnès Bourré-Fournier lui a également permis de « sensibiliser les collègues à l'adaptation de leur poste ». La Mairie de Saint-Lô a ainsi pu dépasser le taux légal de 6% de travailleurs handicapés : « En me voyant parfois en fauteuil, cela décomplexe les gens. Ils se rendent compte que des aménagements de poste financés sont possibles dans le cadre d'une démarche de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH ). Nous avons par exemple financé des appareils auditifs. Les élus sont également plus réceptifs  ». Pour Mme Bourré-Fournier, ces aménagements de poste, comme le télétravail, « facilitent la vie et la durée d'employabilité des agents. Ce qui est intéressant avec la démarche de financement du FIPHFP , c'est qu'elle est vraiment individualisée, qu'elle correspond au poste de travail et à une situation donnée  ».

Au Ministère de l'Agriculture

Une alternative à des trajets trop fatigants 

Dans le cas des agents dont la pathologie s'aggrave avec la fatigue, le télétravail peut également être une alternative à de longs trajets domicile / travail. Chargée de mission au sein du Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche, Annie Bonnet Grimoux bénéficie, depuis février 2011, d'un dispositif de télétravail. Son état de santé (atteinte pulmonaire) la rend sensible à la poussière, à la pollution et à l'effort. Or le trajet domicile / travail qu'elle doit effectuer chaque jour dépasse 2h15 ! Une organisation de son temps de travail entre le bureau et son domicile a été trouvée, en partenariat avec son employeur. Une convention régit cette nouvelle organisation. Annie travaille désormais 2 jours au ministère et 2 jours de chez elle (mercredi en temps partiel). 

Le télétravail demande un gros effort de réorganisation : à la fois de mes missions (sur l'année et entre le début et la fin de semaine), mais aussi de l'équipe. Comme je suis chargée de mission, cela n'impacte pas trop mes collègues, mais j'ai dû réorganiser une partie de mon poste pour limiter les échanges relationnels de visu, notamment les déplacements. Mon poste est désormais davantage axé sur l'aspect économique et statistique du poste et sur des missions de moyen et de long termes, plus que de court terme. 
D'un point de vue concret, je dispose, à mon domicile, d'un ordinateur et d'une imprimante, l'ordinateur étant adapté à ma station de travail au ministère. J'ai accès à ma messagerie et à une partie limitée du réseau, pour des raisons de sécurité.
Ma demande de télétravail s'est effectuée à une période où mes arrêts maladie se multipliaient. La fatigue, l'effort, les trajets impactaient fortement mon état de santé. Etant souvent absente du bureau, je redoutais que l'on m'impose une procédure thérapeutique. Mon médecin traitant m'a ouvert les yeux et m'a dit qu'il fallait changer de conditions de travail. C'est la responsable de la Mission des Affaires Générales au Ministère qui m'a suggéré la procédure de télétravail. J'ai alors fait la démarche et ai rencontré un écho favorable de mon employeur.
Le télétravail m'apporte un réel confort. La dimension psychologique est essentielle pour moi. Le télétravail me permet de continuer à travailler dans de bonnes conditions et de rester en poste, tout en ayant la possibilité de me reposer quand il le faut. Cela diminue également le stress lié au milieu professionnel et a un impact positif sur l'aspect psychologique de la maladie.

Annie Bonnet Grimoux, Chargée de mission au sein du Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche

Une nécessaire organisation des missions et du travail

Si le télétravail est une vraie valeur ajoutée pour les personnes handicapées, il ne faut toutefois pas perdre de vue certaines difficultés. Sa mise en place nécessite une très bonne organisation entre les jours de présence au bureau et ceux à la maison. Il est également important de bien évoquer avec sa hiérarchie les modalités de mise en œuvre.

Celle-ci doit être consciente qu'un agent en télétravail ne peut pas effectuer exactement le même travail qu'au bureau. Dans la majorité des cas, la personne disposant d'une procédure de télétravail doit également s'adapter à la vie du service. « Lorsqu'il y a des réunions importantes les jours où je travaille normalement à la maison, je me rends au bureau et échange avec une autre journée. Il est important de ne pas se déconnecter de la vie professionnelle !  », conclut Annick Bonnet Grimoux. Il est en effet essentiel de maintenir le lien social et de garder le contact avec la structure. Etre imprégné de la culture de « l'entreprise » n'est pas toujours simple, quand on travaille à distance.

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