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Corse – Une étape du Tour de France des handicaps invisibles dédiée aux troubles dys

Le Tour de France des handicaps invisibles a fait étape à Ajaccio mardi 27 juin, réunissant 80 participants autour de la thématique des troubles dys. Un évènement qui a rassemblé de nombreux interlocuteurs afin d’avancer sur la compréhension de ces pathologies.

Les troubles dys : des handicaps invisibles à ne pas négliger

Après l'installation de tous les participants, Marine Neuville, directrice du , a exprimé sa gratitude envers tous les acteurs présents et engagés lors de cet événement.

Monsieur Pierre Larrey, sous-préfet en charge des questions du Handicap, secrétaire général de la Préfecture de la Corse du Sud, a ensuite pris la parole pour introduire la thématique du jour : les handicaps invisibles, et plus particulièrement les troubles dys. Il a insisté sur l’importance du diagnostic dès le plus jeune âge et de l’insularité présente en Corse, soulignant ainsi l’importance d’insérer les personnes en situation de handicap dans le milieu professionnel.

Il a notamment indiqué : « Je vois bien que l’on s'échange assez facilement les agents publics entre collectivités, mais nous restons sur un milieu fermé. Donc cela veut dire que la ressource est ici. Si nous excluons une partie de cette ressource, parce qu'elle est en situation de handicap, que nous ne l'aidons pas à franchir le cap, toujours par méconnaissance, nous nous privons d'une partie de cette ressource ».

Marine Neuville a ensuite lancé la matinée en rappelant quelques chiffres et en témoignant de l’implication du FIPHFP dans l’insertion et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap : « 80% des personnes en situation de handicap ont un handicap invisible. Il y a des situations plus complexes parfois à accompagner, qui nécessitent des mesures pour pouvoir bien accompagner la personne. Aujourd'hui, si nous sommes avec vous, c'est pour parler de ce que nous avons mis en place, les expériences que nous avons eues ».

Un point sur les différents troubles a ensuite été présenté :

  • Les troubles du langage,
  • Les troubles du développement et de la coordination,
  • Les troubles de l’apprentissage,
  • Le trouble du spectre de l’autisme,
  • Le trouble du développement intellectuel.

Il est fréquent que plusieurs troubles se combinent, et chaque trouble peut présenter différents degrés de sévérité, ce qui complique le processus de diagnostic. L' , la préfecture et le rectorat ont mis en place différents dispositifs tels que l'emploi accompagné, des stratégies de sensibilisation, et ont entrepris des réformes visant à réduire le taux de chômage des personnes en situation de handicap.

D’autre part, la nécessité de mettre en place des aménagements pour les personnes souffrant de troubles dys a été soulignée. Dans une société vieillissante et où nous allons devoir travailler plus tard, ces aménagements seront utiles pour tout le monde.

Dénoncer les stéréotypes à travers des mises en scène

La troupe de théâtre Thé à trois a ensuite pris le relais en représentant 4 scènes co-écrites avec le Handi-pacte du FIPHFP en Corse et l’association Operata :

  • La première dénonçait les clichés relatifs au handicap au travail : le fauteuil roulant, la demande d’attention, les aménagements… Mais rappelle que dans 8 cas sur 10 aucun aménagement technique spécifique n’est nécessaire.
  • La deuxième abordait les réticences à employer une personne dyslexique et les aménagements possibles à mettre en place pour faciliter l’intégration du collaborateur, en informant qu’ils sont largement financés par le FIPHFP.
  • La troisième introduisait l’apprentissage pour présenter le masking : le fait d’accepter, dire et tout faire pour surcompenser, car la personne ne veut pas que son handicap se sache. La scène souligne que les moyens de compensations sont un droit pour les collaborateurs, et par définition une obligation pour l’employeur.
  • La dernière prenait place dans un bar réunissant 3 collègues : Cette scène permet de montrer que le handicap ne s’arrête pas au travail, il est aussi présent dans les temps informels. La personne concernée par la dyspraxie annonce à ses collègues son handicap et affirme qu’elle ne souhaite pas que tout le monde soit au courant.

Ces mises en scène ont permis de témoigner de la réalité que vivent les personnes en situation de handicaps invisibles au quotidien et de poser des questions de manière plus imagée.

Deux tables rondes pour croiser les perspectives

1ère table ronde - Distinguer les différents troubles dys et moyens de compensation

Marion Sauli, neuropsychologue au sein de l’association l’Operata a ouvert la table ronde en présentant différentes thématiques liées aux troubles dys :

  • les classifications médicales,
  • la définition des troubles spécifiques de la parole, du langage, dysphasie : difficultés à comprendre ou produire la parole et le langage dans un contexte pour communiquer,
  • les troubles développementaux des apprentissages : déficit de lecture, du calcul, …
  • le quotidien de la vie professionnelle des porteurs d’un trouble spécifique du langage et des apprentissages (TSLA) : Les personnes ont pris l’habitude de compenser leur handicap, ce qui les fatigue beaucoup. Elles peuvent alors être considérées, à tort, comme faignants par leurs collègues.

« Ce qui peut être intéressant, avec l'accord de la personne concernée, c'est de sensibiliser l'équipe de travail aux difficultés du salarié. Cela permet d'éviter les préjugés, d'ouvrir la communication, lever les interrogations. C'est aussi porter un intérêt à la qualité de la réalisation plutôt qu'à la vitesse d'exécution », a ainsi souligné Marion Sauli, neuropsychologue.

Marie-Pierre de Rocca Serra, médecin au sein de l’Unité de Bilan de la et médecin coordonnateur de l’association Operata, a pris le relais en abordant le sujet du diagnostic et des compensations concernant les enfants :

  • Rappel sur les caractéristiques générales des troubles dys
  • Les grands critères pour définir un trouble dys : être spécifique, durable (+ de 6 mois), identifier la sévérité
  • Présentation des différentes prises en charge sur 3 niveaux : prise en charge de proximité / équipe pluridisciplinaire / les centres de ressources

Dominique Silvani, directrice de l’association A Murza, porteuse de Cap Emploi a poursuivi par la présentation de son organisme et des accompagnements proposées : « Le Cap Emploi est la porte d’entrée d’une personne en situation de handicap par rapport à l’emploi, pour l’accès ou le maintien ».

Cap Emploi accompagne des personnes en situation de handicap quand elles vont perdre leur emploi, pour préparer leur avenir professionnel et répondre à leurs différents souhaits quand elles souhaitent évoluer ou changer de carrière. Pour cela, un diagnostic des besoins et des compensations possibles est réalisé, notamment pour accompagner les entreprises dans la mise en place de solutions adaptées. L’objectif est de réassurer les employeurs grâce aux outils mis à disposition, facilement mobilisables à travers Cap Emploi.

Sylvain Picot – Coordonnateur de l’association L’Opérata, porteuse de la handicap cognitifs, a ensuite présenté l’association travaillant sur les troubles dys. Operata fonctionne en équipes pluridisciplinaires et est acteur à travers ses chargés d’insertions, les missions locales, les Cap Emploi et de façon plus directe dans le cadre du catalogue des prestations de l’Agefiph et du FIPHFP.

Depuis l’année dernière, l’association travaille avec une université pour réévaluer notamment leur diagnostic et mettre en place des solutions adaptées. Les objectifs sont de mettre en œuvre des compétences expertes et d’intégrer cette dimension handicap en étant en appui des prescripteurs.

L’importance d’explorer les points forts des personnes en situation de handicaps invisibles a également été mentionné : « Non, on n'est pas bête car on est dys. Non, on n'est pas forcément nul à l'écrit ou nul en orthographe. On est aussi très fort à l'oral. On peut aussi avoir des capacités de raisonnement supérieures à la moyenne ».

Thierry Allemand, directeur territorial du FIPHFP pour la Corse, a ensuite présenté les aides techniques, humaines et financières que le Fonds peut fournir pour accompagner les fonctions publiques : « Le FIPHFP a dans son catalogue un ensemble de mesures qui permettent d'accompagner les agents en situation de handicap, quels que soient leurs troubles, et notamment les troubles dys qui sont aujourd'hui l'objet de notre réunion ».

2ème table ronde - Témoignages et Apprentissage

Cette deuxième table ronde a débuté par un témoignage en regard croisé de la part de Marina Ottobrini, référente métier chez Pôle Emploi Corse, dyslexique, dysorthographique et mère d’un garçon dysorthographique et de Catherine Mille, Pôle Emploi Corse. Elle l’a encouragé à assumer son handicap et s’est lancée, elle aussi, à cette occasion, ce qui lui a permis de mettre en place sa compensation. Elle a reçu des accompagnements et aménagements, a obtenu son poste avec des responsabilités. Plusieurs dispositifs sont à sa disposition pour compenser ses troubles tels que l’outil Dragon pour dicter à son ordinateur, Antidote qui corrige les fautes ainsi qu’un outil pour transformer les PDF en Word afin de faciliter la lecture.

Du côté de Pôle Emploi, en tant qu’employeur, elle indique que l’équipe fait preuve d’une communication décomplexée. D’autre part, 12% des employés sont des personnes reconnues travailleurs handicapés. Pour chacun d’entre eux, une évaluation de poste est apportée, le télétravail est proposé et les aménagements des horaires pour se rendre à des rendez-vous médicaux sont autorisés.

Nathalie Mordiconi, conseillère au sein de la RHF (Ressource Handicap Formation), a ensuite présenté l’offre de services de RHF à destination des organismes de formation, des pour les accompagner dans leur suivi auprès des apprenants en situation de handicap.

En effet, la RHF s’est fixée plusieurs missions :

  • Développer des politiques d’accessibilité dans les organismes de formation,
  • Apporter un appui à la sécurisation de parcours dans les situations individuelles de formation,
  • Professionnaliser les acteurs de formation pour favoriser la montée en compétences collective de ces derniers.

Elle se positionne donc comme un facilitateur, d’une part pour accompagner l’apprenant dans son objectif de réussite, et d’autre part pour aider l’organisme de formation à adapter ses cours.

Enfin, Gilles Tarnier, directeur du CFA, Centre du Sport et de la Jeunesse Corse (CSJC), est venu témoigner des solutions mises en place dans son établissement :

  • prépositionner les candidats, apprenants, apprentis avec des questionnements sur l’engagement et sur les préférences de méthodes pédagogiques afin de pouvoir adapter un parcours individuel de formation digne de ce nom,
  • proposer des méthodes d’apprentissage actives (expérience, expérimentation),
  • adapter les tests d’entrée pour qu’ils soient accessibles et proposer un parcours individualisé dès que nécessaire.  

« Je pense que, le fait de mettre une personne tout de suite en animation, de l'accompagner, de mettre en place ce dispositif favorise l'apprentissage. Pour nous, c'est intéressant car cela permet de mettre tout de suite en situation pratique l'apprenti », a-t-il souligné.

La matinée s’est clôturée par un buffet et un temps d’échange convivial entre tous les participants.

Retrouvez les replays de cette étape ci-dessous : 

 

 

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