Au cœur des collectivités, les responsables des ressources humaines, et les médecins de prévention ne cessent de travailler à l’amélioration de la prise en charge des agents en situation de handicap. Conscientes des enjeux liés au recrutement de personnes en situation de handicap, les collectivités mettent en place des pratiques innovantes afin de favoriser au mieux la bonne insertion dans l’emploi de leurs agents.
Préfecture de l’Orne – L’apprentissage comme levier de richesse sociale
Au sein de la Préfecture de l’Orne, Michel Jacques, Directeur des Ressources Humaines et des Moyens met un point d’honneur à développer une politique handicap ambitieuse et est très attentif à ce que les critères de discrimination soient le moins présents possible à l’embauche. Il déclare : « Notre politique handicap s’inscrit avant tout dans une logique d’aider les personnes les plus faibles et les plus fragiles ».
Depuis plus de 2 ans, la préfecture accueille en ses murs deux apprentis, affectés respectivement au service d’entretien des espaces verts et au service informatique. C’est dans ce service qu’a été embauchée dés 2015 une première personne reconnue handicapée. Selon le Directeur des Ressources Humaines et des Moyens, cette expérience a confirmé le bénéfice ressenti au sein des équipes en accueillant des individus aux parcours différents : « J’ai pu remarquer que cela contribue à la cohésion d’équipe. Les personnes en situation de handicap ont une vraie envie de bien faire les choses ».
L’arrivée d’apprentis a été très bien vue au sein de la Préfecture de l’Orne, permettant une intégration facile. L’équipe informatique, de par sa dimension à taille humaine, bénéficie d’un véritable esprit de corps qui a permis à l’apprenti de se fondre rapidement au cœur de l’équipe.
Bien sûr, Michel Jacques rappelle qu’il est indispensable d’adapter le poste de travail de l’apprenti. « Le tout est de trouver où placer le curseur. De façon générale, il est absurde de considérer que la personne en situation de handicap puisse tout faire comme les autres salariés, mais il est tout aussi absurde de considérer qu’elle ne peut rien faire ».
Heureuse de ces premières expériences, la Préfecture de l’Orne a décidé de prendre en septembre dernier un nouvel apprenti en situation de handicap au service informatique, le précédent ayant terminé son cursus. « Nous espérons pouvoir encore longtemps mettre le pied à l’étrier à des personnes méritantes. Je suis persuadé que de la diversité au cœur des équipes naît la richesse » conclut Michel Jacques.
Centre Hospitalier de Fécamp – Un partenariat avec l’ESAT source de recrutement
Au centre Hospitalier de Fécamp, une initiative innovante est en train de se mettre en place en matière de recrutement de personnes en situation de handicap.
Depuis 2002, le centre hospitalier travaille en étroite collaboration avec l’ESAT de Fécamp et leur délègue l’entretien des locaux et les travaux de blanchisserie. Valérie Sourice, Directrice des Ressources Humaines nous explique : « Avec un bon accompagnement, il est possible d’intégrer une personne en situation de handicap au sein même de notre organisation. Le tout est de se poser les bonnes questions. Quelles compétences ? Quel emploi ? Quel accueil ? Il faut être vigilant à ce que chacun se comprenne bien et à ce que les deux organisations, l’ESAT et le Centre Hospitalier de Fécamp, se complètent pour le bien-être des patients ».
Grâce à une subvention de 194 348€, le centre hospitalier de Fécamp a l’opportunité aujourd’hui de structurer sa politique handicap et d’impulser une nouvelle dynamique aux côtés de l’ESAT. Il a décidé d’accompagner un travailleur de l’ESAT vers son intégration dans le milieu professionnel ordinaire. L’idée est de recruter cet agent au sein du centre hospitalier. « Nous sommes très fiers que notre partenariat avec l’ESAT nous mène aujourd’hui à ce joli projet. Une cellule handicap est en train de se structurer avec le médecin du travail, l’ergonome, le psychologue du travail et l’assistante sociale entre autres, afin que cette intégration se fasse de la manière la plus adéquate possible » déclare Valérie Sourice.
Dès le mois de janvier, le centre hospitalier enclenche les différentes étapes du processus avec pour objectif d’avoir finalisé le recrutement fin 2018.
Commune de Saint-Paul – Prékap’R, initiative innovante en matière d’apprentissage
Sur l’Île de la Réunion, existe depuis quatre ans, une expérimentation en matière d’accompagnement des parcours d’apprentissage : Prékap’R. Ce dispositif, regroupant de nombreux partenaires de l’île, s’adresse aux apprentis et aux employeurs. Il vise à mener les parcours d’apprentissage vers la réussite. Les résultats sont remarquables, notamment sur la commune de Saint-Paul où, avec l’appui du FIPHFP , la collectivité a développé une véritable expertise conduisant à la pérennisation des postes de ses apprentis.
Ainsi, dès 2013, pas moins de 12 apprentis en situation de handicap ont été recrutés sur la commune de Saint-Paul. Saïd Chammat, médecin de prévention, chargé du suivi de la convention avec le FIPHFP au sein de la collectivité explique : «Nous avons recruté 7 apprentis pour l’entretien des espaces verts de la ville, et cinq autres en tant qu’agents polyvalents de restauration. La plupart d’entre eux ont pu être titularisés au sein de notre collectivité à l’issue de leurs diplômes, ce qui est une véritable chance pour ces jeunes. Cela leur offre une première expérience concluante dans la vie active ». Forte de ce premier succès, la commune a recruté 8 nouveaux apprentis sur l’année 2016.
2017 marque un nouveau tournant pour la commune de Saint-Paul avec la signature d’une convention avec le FIPHFP . La commune se donne ainsi pour objectifs de recruter 2 apprentis en 2017, 4 en 2018, 6 en 2019 avec pour obligation le maintien d’un nombre global de 10 apprentis minimum chaque année. « Nous avons actuellement 12 apprentis en situation de handicap et avons récemment embauché 3 apprentis supplémentaires, allant au-delà des objectifs fixés dans notre convention avec FIPHFP » rajoute Saïd Chammat.
Bien sûr, l’accueil des apprentis demande une attention et un accompagnement spécifiques afin que l’intégration se fasse dans les meilleures conditions. Saïd Chammat prend soin de rencontrer chaque apprenti en consultation médicale afin d’évaluer le déficit et les besoins propres à celui-ci, notamment en termes de matériel et d’aménagement de poste. Récemment, la commune a également nommé un responsable de recrutement, de la mobilité et du maintien dans l’emploi au sein de la direction des ressources humaines. « Ce recrutement montre que la commune de Saint-Paul a une vraie volonté d’accompagner ses agents en situation de handicap, mais également ceux ayant des restrictions médicales sans pour autant être bénéficiaires de l’obligation d’emploi. Nous espérons inspirer d’autres collectivités ! Nous travaillons main dans la main avec la DRH, l'autorité territoriale et le FIPHFP . Notre credo : accompagner et aménager les conditions de travail plutôt que d'être dans l'attentisme et l'inaction. Cela serait coûteux et engendrerait un mal-être qui n’est en rien bénéfique à la collectivité en terme d'enjeux humains, économiques et sociétaux » conclut Saïd Chaman.
